La voix d’une femme qu’on refuse d’écouter

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« Je suis travailleuse du sexe depuis six ans. Quand j’avais dix-neuf ans, je me suis dit qu’il serait incroyable de pouvoir vivre du sexe. Quelques années plus tard, j’ai découvert un site pour proposer mes services, j’ai essayé le week-end, puis j’ai démis-sionné de mon emploi pour me lancer vraiment.

Je savais que ce choix aurait des conséquences. Aujourd’hui encore, je ressens la colère d’entendre que mon travail est une insulte, comme dans « fils de pute ». Ce métier reste stigmatisé, méprisé, mal compris.

Pourtant, je ne vends pas mon corps : il m’appartient avant, pendant et après chaque rencontre. Je vends un service, comme tant d’autres métiers qui exigent le corps. J’ai travaillé dans une friterie : c’est là que j’ai le plus usé mon corps.

Mais une femme qui fait le ménage sera félicitée pour son courage. Une femme qui choisit le travail du sexe et s’en dit heureuse, c’est insupportable pour la société.

On accepte « le plus vieux métier du monde », mais pas qu’il puisse rendre fière celle qui l’exerce. Les gens se croient libres de nous juger, de nous photographier sans consentement, de nous réduire à des clichés.

Pour eux, nous ne sommes pas des êtres humains, juste des corps. Mon seul droit, aujourd’hui, c’est de payer mes impôts et de me taire. Mais je refuse. Je continuerai à dire qu’on peut choisir ce métier et en être digne.

C’est ça, l’hypocrisie : défendre la liberté de choix, sauf quand une femme choisit sa liberté autrement ».

Credits: Photo de Adam Wilson sur Unsplash.

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